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DANIEL BALAVOINE

Biographie

 

Les débuts (1952-1978)

1952-1968 : la jeunesse

Daniel Balavoine vit ses premières années à Alençon, où il naît le 5 février 1952. Issu d'une famille originaire des Landes et du Pays basque, il est le benjamin d'une famille de six enfants. Il a deux sœurs : Marie-Françoise (née en 1940) et Claire (née en 1943) et trois frères : Bernard (né en 1944), Guy (né en 1946) et Yves (né en 1948). Son frère Xavier meurt d'une méningite foudroyante un an plus tôt, si bien que Daniel pensera être un bébé de remplacement et aura des rapports complexes avec sa famille, jugeant indécents les artistes qui s'épanchent sur leur vie personnelle.

 Son père Émile est ingénieur en urbanisme et travaille pour le ministère de la Reconstruction. Sa mère Élisabeth Lamagdeleine est antiquaire et issue d'une vieille famille du Sud-Ouest de la France. Ils se séparent alors que Daniel a 6 ans, les enfants restant chez le père. Il passe la majorité de sa jeunesse dans le Sud-Ouest, Bordeaux, Biarritz puis Pau. En 1959, Daniel entre en pension à la suite de la mutation de son père en Algérie à Tizi Ouzou. Il apprécie peu le pensionnat qui lui fait perdre le goût de la religion et provoque chez lui un profond rejet de la discipline qui y règne. Vers 11 ans, il entend dans l'établissement "She Loves You" des Beatles ce qu' il confiera plus tard lui donne goût à la musique.

 Lycéen au Lycée Louis-Barthou de Pau, Balavoine est un élève doué, surtout en littérature. Il s'implique de très près dans la révolte étudiante de Mai 68 et s'imagine alors faire une carrière politique. Mais la fin du mouvement le déçoit, et il décide de se lancer dans la musique.

 Après trois mois de terminale, il quitte son établissement en décembre 1969 afin de se consacrer à la musique.

 1968-1972 : le temps des groupes

Il débute chanteur de bal et se produit à Pau de 1968 à 1971, notamment dans le quartier du Hédas, au Chaudron (actuellement Gusto), en interprétant Bob Dylan, mais aussi du hard-rock, comme Deep Purple ou Uriah Heep. Intégrant successivement les éphémères groupes de rock Réveil, Shake's puis Purple Eruption, il acquiert une petite notoriété locale.

 En 1971, il décide d’aller à Paris avec ses amis une première fois. Mais de retour à Pau, il est contacté par le groupe Présence dont le chanteur vient de partir. De nouveau à Paris, il passe une audition au cours de laquelle un autre jeune chanteur, du nom de Laurent Voulzy, concourt. Balavoine est retenu et commence à côtoyer les studios. Un premier 45 tours oscillant entre hard rock et slow sort chez Vogue : il ne s'en vendra que deux cent quarante-sept exemplaires. Malgré l'échec de ce disque, Présence se produit un peu partout en France.

 En 1972, le groupe signe chez Warner Bros. et Balavoine le quitte.

 1972-1978 : les années galère

Pour assurer le quotidien, Balavoine trouve un emploi de disquaire mais ne renonce pas pour autant à la musique. En 1973 la maison de disques Vogue le rappelle et l'encourage à entamer une carrière solo. Le 45 tours Viens vite sort mais obtient à peine plus de succès qu'à l'époque de Présence. Il gardera un mauvais souvenir de cette période en raison des exigences du directeur artistique. Daniel quitte Vogue et, accompagné de son frère Guy, devient choriste. La même année, ils sont engagés dans l'opéra-rock La Révolution française de Claude-Michel Schönberg.

À la même période, Patrick Juvet prépare son passage à l'Olympia et recherche un choriste avec une haute tessiture. Contacté par sa productrice, Daniel est engagé et entame avec l'artiste une tournée au cours de l'année 1974. Daniel Balavoine lui compose une chanson Couleurs d'automne pour son prochain album intitulé Chrysalide ; Patrick Juvet, généreux, la lui laisse chanter. Le disque sort chez Barclay. C'est d'ailleurs pendant cet enregistrement que Daniel fait la connaissance d'Andy Scott, ingénieur du son, qui ne le quittera plus. Séduit par la voix de Balavoine, Léo Missir, vice-président et directeur artistique de Barclay, lui fait signer sur-le-champ un contrat de trois albums. Leur collaboration durera bien au-delà.

 Le premier 33 tours de Daniel Balavoine sort en mars 1975 et s'intitule De vous à elle en passant par moi.

 Au cours d'un voyage en Pologne, Balavoine, heurté par le climat politique ambiant, imagine un album-concept autour du mur de Berlin, qu'il enregistre avec ses propres musiciens et son ami ingénieur du son, Andy Scott, bénéficiant de moyens qu'aurait obtenus un chanteur déjà célèbre. Intitulé Les Aventures de Simon et Gunther…, le disque, mêlant rock progressif et musique classique, sort en avril 1977 et bénéficie d'une promotion plus grande que sur l'album précédent. Malgré le succès d'estime obtenu, les ventes de cet ovni paru en pleine période disco restent faibles (seulement vingt mille exemplaires écoulés) et Eddie Barclay s'impatiente des résultats du chanteur et fait savoir à Léo Missir que le prochain album sera décisif. Parallèlement, Balavoine est choriste sur le premier album d'Alain Bashung, "Roman-photos".

 Entre-temps, Michel Berger, qui est en passe d'achever la composition de l'opéra-rock Starmania, cherche un chanteur pour interpréter le rôle de Johnny Rockfort. Impressionné par une prestation de Balavoine qui interprète à la télévision "Lady Marlène" (l'unique titre du dernier album ayant réussi à percer), il l'embauche France Gall, alors compagne de Michel Berger, témoigne :

 « La première fois qu'on a vu et entendu Daniel, c'était à la télé : Michel et moi étions assis par terre dans notre chambre de Beauséjour et regardions par intermittence l'émission de Guy Lux. Quand il est entré pour chanter Lady Marlène avec un grand orchestre, nous avons eu un choc. Raide comme un piquet, planté derrière son micro sur pied, il a commencé à chanter d'une voix qu'on n'avait jamais entendue, avec un timbre nouveau et une tessiture tellement large et aiguë qu'on en est restés bouche bée. »

 Dès lors débute entre eux une grande et fraternelle amitié.

1978-1979 : la reconnaissance

En octobre 1978 sort l'album studio de Starmania, dont, de nombreux titres deviennent en quelques semaines des hits. Balavoine y interprète "Quand on arrive en ville", "Banlieue nord" et le "SOS d'un terrien en détresse", composé et taillé sur mesure à sa voix. Le disque demeure une des meilleures ventes françaises de l'Histoire, cumulant plus de deux millions d'unités vendues. L'œuvre, plus tard adaptée en anglais, est tout aussi bien accueillie à l'étranger.

 En parallèle et après un 45 tours encore peu rentable, "Je suis bien", sorti en février 1978, bien que lui permettant de bénéficier de l'interpréter à plusieurs reprises à la télévision. Daniel Balavoine enregistre son troisième album Le Chanteur avec le groupe Clin d'œil, dans les bacs quelques semaines avant la sortie de Starmania. Clin d'œil participera aussi aux deux albums suivants. La chanson "Le Chanteur" qui donne son titre à l'album, obtient un succès fulgurant et se vend à plus de 500 000 exemplaires. Avec ce titre (devenu un standard de son répertoire et qui demeure, aujourd'hui encore, une de ses plus célèbres chansons), Balavoine, lucide et amer, chante les ambitions et les craintes d'un artiste en devenir. "Les Oiseaux" et "Lucie" seront également extraits du même album.

 Cette double réussite, quasi simultanée, fait passer Daniel Balavoine de chanteur méconnu à vedette en devenir, ce qui, par la même occasion, lui permet de renouveler sereinement son contrat chez Barclay.

 Du 10 avril au 3 mai 1979, Starmania est joué au Palais des congrès de Paris, où 100 000 personnes au total assistent au spectacle. La distribution, outre Daniel, se compose de France Gall, Diane Dufresne, Étienne Chicot, Fabienne Thibeault, Nanette Workman pour ne citer qu'eux. Balavoine marque profondément cette production et cette participation accroit davantage sa notoriété en lui donnant une image de rebelle, voyou et tendre à la fois.

 Fort de cette expérience, il enregistre son quatrième album Face amour / Face amère, qui sort en octobre 1979 et comprend notamment "Love Linda", dédié à sa nouvelle compagne Linda Lecomte, Rougeagèvre, "Ces petits riens" (une douce balade pop) et "Me laisse pas m'en aller", dont la construction musicale rappelle celle du Chanteur. Sans réel tube, le disque est moyennement accueilli par le public, tout en étant salué par la critique qui lui décerne le prix Raoul-Breton. À Lille au théâtre Sébastopol, au mois de novembre 1979, il donne le premier concert à son nom.

 1980 : Un autre monde, l’idole d'une génération

Balavoine se produit à l'Olympia du 31 janvier au 2 février 1980, où 1 200 spectateurs par soir viennent le voir, obtenant un accueil favorable des critiques professionnels. Toujours en ce début d'année 1980, il apparaît dans le film Alors… Heureux ? jouant le rôle d'un brancardier homosexuel, et pour lequel il compose également la musique du film.

 Il fait aussi sensation le 19 mars 1980, lors d'un débat au journal de midi sur Antenne 2 au cours duquel il prend à partie François Mitterrand (encore dans l'opposition et premier secrétaire du Parti socialiste) et par la même occasion les journalistes présents sur le plateau, les accusant d'ignorer les problèmes de la jeunesse dans un monologue resté célèbre. Les médias l'érigent alors en porte-parole de cette même jeunesse, un rôle qu'il réfute et dont il désirera toujours se défaire estimant que ce n'était pas du tout son intention. Créant la polémique, il devient désormais un invité incontournable des émissions-débats, devenant un « bon client » aux yeux des médias. Après cette intervention, il est catalogué comme chanteur engagé dans l'esprit du grand public.

 En bon ami, il soutient à l'époque la candidature de Coluche à l'élection présidentielle de 1981. Après le retrait de ce dernier, François Mitterrand lui demande de se joindre à sa campagne. Balavoine, sensible aux idées de gauche, chante dans la première partie de ses meetings pendant quelques semaines avant de se rétracter, refusant ce qu'il estime être une récupération politique. Il déclarera plus tard : « Je ne fais pas de politique, je fais du sentiment politique ».

 En novembre 1980, il revient avec l'album Un autre monde, disque contenant "Mon fils ma bataille" (inspiré du divorce de son guitariste et ami Colin Swinburne), "Je ne suis pas un héros" (initialement écrit pour l'album À partir de maintenant de Johnny Hallyday) et "La vie ne m'apprend rien". Ces tubes deviennent des incontournables de son répertoire, tout comme, dans une moindre mesure, Lipstick Polychrome. L'album rencontre un énorme succès commercial, avec 500 000 exemplaires vendus.

 1981-1982 : Continuité

Fort du succès de ses nouvelles chansons, Daniel réinvestit la scène de l'Olympia du 10 au 14 mars 1981. Il fait salle comble et enregistre son premier album en public, Balavoine sur scène qui paraît en novembre 1981. La Chine est très présente dans ce spectacle. Il entame ensuite une grande tournée et participe, le 22 octobre, au concert 100 artistes pour les prisonniers d'opinions, au profit d'Amnesty International.

Parallèlement, Daniel fait ses débuts de présentateur à la télévision sur Antenne 2. En compagnie de Joëlle Mogensen (alors ex-chanteuse du groupe Il était une fois), il présente, le 11 avril 1981, un nouveau concept d'émission de variétés baptisé Tout nouveau, tout beau. L'aventure tournera court et s'arrêtera à ce premier numéro.

 Durant l'hiver 1981, il part à Ibiza enregistrer un sixième 33 tours avec de nouveaux musiciens, dont le batteur américain Joe Hammer. À 30 ans, Balavoine veut entamer un nouveau virage musical, plus rock, plus électronique, s'écartant de plus en plus de l'acoustique. En avril sort Vendeurs de larmes porté par la chanson "Vivre ou survivre", qui devient très vite un tube. "Dieu que l'amour est triste", "Soulève-moi" et le titre éponyme de l'album sont aussi notables. Ce disque rencontre un grand succès public et obtient le prix Diamant de la chanson française.

 Estimant que ses productions sont maintenant dignes de concerts plus imposants, il investit la plus grande salle de spectacle parisienne de l'époque, le Palais des sports, où il joue à guichets fermés du 9 au 13 juin 1982. Les moyens mis en œuvre sont importants et Balavoine offre au public un grand spectacle. Séduit par l'acoustique du lieu ainsi que son ambiance, il restera fidèle à cette salle.

 Balavoine se voit également proposer un second rôle au cinéma dans le film "Qu'est-ce qui fait craquer les filles en (1982).

 Balavoine sans frontières (1983-1986)

1983 : Loin des yeux de l'Occident

Passionné de sports mécaniques, Balavoine participe en janvier au Paris-Dakar. Tombé en panne à la première étape, il suit la caravane en touriste et découvre l'Afrique. Électrochoc pour Daniel Balavoine qui prend violemment conscience de la famine et de la pauvreté du continent. Revenant avec des images dures, il déclare : « Lorsqu'on voit au détour d'un village un môme à quatre pattes en train de ramasser des mouches pour les manger, il n'y a plus rien à dire ».

 Durant l'été, il part en Écosse composer son septième album Loin des yeux de l'Occident. Sorti en octobre 1983 et réputé être son album le plus engagé, les textes évoquent les femmes du tiers monde avec "Pour la femme veuve qui s'éveille", la torture avec "Frappe avec ta tête", la drogue avec "Poisson dans la cage", les dictatures d'Amérique du Sud avec "Revolucion". Notons également : "Partir avant les miens", dont le texte à l'annonce de sa mort sonnera comme étrangement prémonitoire. Musicalement, le disque, inspiré par Peter Gabriel, mêle sonorités électroniques et ambiances world music avec l'emploi de percussions africaines. Toutefois, l'album se vend moins bien que les précédents (250 000 exemplaires). Patrick Moraz, anciennement claviériste pour le groupe britannique Yes joue les claviers sur la chanson Partir avant les miens.

 Durant l'année, Balavoine participe au conte musical Abbacadabra avec Frida du groupe ABBA, avec laquelle il enregistre le single "Belle".

 Pendant trois semaines, à 18 h 30, il tient une chronique quotidienne de 2 minutes 30 sur une éphémère radio 95.2. Il réagit à l'actualité en rédigeant des billets d'humeurs. En septembre 1983, il préfigure les Restos du cœur dans une de ses chroniques en émettant l'idée d'une grande « banque alimentaire ». Certains politiques font comprendre au chanteur qu'il n'a pas à se mêler de tels sujets.

 L'idée sera reprise par Coluche, à l'origine des Restos du cœur. Selon Fabien Lecœuvre :

 « À l'époque, son idée a déclenché un raz de marée médiatique. Politiques, journalistes et même des artistes lui ont reproché son idée et lui disaient : « Qu'il se contente de chanter ». Seul Coluche a pris la défense de Balavoine. D'ailleurs, il reprendra son projet et créera Les Restos du Cœur quelques semaines plus tard. »

 Le chanteur est l'invité de l'émission d'information 7 sur 7 le 23 octobre 1983, jour de l'attentat du Drakkar au Liban où son frère Yves — militaire — est basé. Il lance sous le coup de l'émotion : « J'emmerde les anciens combattants ! »; phrase adressée à tous ceux qui souhaitent à la jeunesse « une bonne guerre ». Il poursuit avec véhémence et colère dans une diatribe profondément antipolitique et antimilitariste. Son propos fait scandale et deux semaines plus tard, il s'explique publiquement dans une émission de Michel Drucker, ce qui n'empêche pas l'annulation de certains de ses concerts du fait de manifestations d'anciens combattants, notamment à Avignon.

 1984 : la scène et la paternité

Il publie en février 1984 le clip de Pour la femme veuve qui s'éveille, un des premiers en France tournés selon le format des courts métrages de MTV entre les studios de Forest National et le Sénégal.

Balavoine entreprend une tournée marathon à travers la France durant l'hiver-printemps 1984.

 Le 15 juillet 1984, naît son fils Jérémie. Dans l'émoi et à titre promotionnel pour sa rentrée parisienne, il compose un 45 tours inédit Dieu que c'est beau illustrant d'une manière métaphorique l'accouchement avec des références omniprésentes à la Genèse. Frida Lyngstad, du groupe Abba, est l'une de ses choristes sur cette chanson ; il lui compose d'ailleurs le titre The Face pour son album Shine (1984). "Dieu que c'est Beau" est le premier titre de Balavoine à entrer au Top 50, nouvellement créé. 

1985 : Sauver l'amour

Le 1er janvier 1985, Balavoine se lance dans son deuxième Paris-Dakar comme copilote de Jean-Luc Roy à bord d'un Toyota. Ils arriveront à Dakar trentième.

 Il devient arrangeur musical et ouvre une « cellule artistique » destinée à promouvoir le son reconnaissable de ses albums et sa technique de production réputée « raffinée » chez d'autres artistes. Admirative de Balavoine, Jeanne Mas restera sa première et dernière cliente. Le chanteur lui réalise deux titres : "Cœur en stéréo" et "Oh Mama".

L'année 1985 marque l'entrée du showbiz dans le monde de l'humanitaire. Les artistes du monde entier se mobilisent pour l'Éthiopie qui subit alors une famine effroyable. À l'initiative de Bob Geldof qui a créé Band Aid l'année passée, un concert planétaire est donné le 13 juillet 1985 au Stade de Wembley qui est marqué par des performances scéniques, comme celle de Queen. 

Une délégation française, composée de Michel Berger, France Gall, Jean-Jacques Goldman et Daniel Balavoine, est présente. Attristé que contrairement à plein d'autres pays il n'y ait pas eu de concert solidaire en France à cette occasion, le groupe décide d'en organiser un. Ce sera le concert des Chanteurs sans frontières, coorganisé par Renaud à La Courneuve le 13 octobre 1985. Daniel Balavoine y chante en duo "Je marche seul" avec Jean-Jacques Goldman et Il jouait du piano debout avec France Gall. Le concert en plein air, dont le prix des places fut jugé trop onéreux, avec seulement 15 000 spectateurs est considéré comme un échec, mais le disque SOS Éthiopie se vend bien. Balavoine qualifie le concert de « concert sans spectateurs ».

 Durant l'été, Balavoine retourne en Écosse pour enregistrer son huitième album studio. "Sauver l'amour" paraît en octobre 1985. Le 33 tours est également diffusé en CD (format d'écoute encore rarissime à cette époque), ce qui, en bon amateur de nouvelle technologie, fait le bonheur de Daniel Balavoine. L'album est marqué musicalement par l'utilisation de l'échantillonneur Fairlight CMI, permettant une large gamme de sonorités nouvelles et encore inédites en France où l'appareil est peu utilisé.

 Sur les neuf chansons que compte l'album, quatre deviennent des tubes : "L'Aziza", en hommage à sa femme juive-marocaine Corinne, le plus grand succès de l'album dont les ventes en single dépassent le million d'exemplaires et lui vaut d'être classé no 1 du Top 50 un mois après sa mort tragique, Sauver l'amour (no 5 au Top 50), "Aimer est plus fort que d'être aimé" (non classé au Top 50, mais succès radiophonique) et l'hymne de la solitude "Tous les cris les SOS". La quasi-totalité des titres traitent d'un problème politique ou social : une jeunesse incomprise pour Petite Angèle, le sujet grave des enfants soldats avec Petit homme mort au combat, la rupture avec "Ne parle pas de malheur" et la sécheresse (et a fortiori la famine en Éthiopie) avec Un enfant assis attend la pluie qui clôt l'album. Après sa mort, on apprendra que l'artiste avait cédé en secret tous les droits de cette dernière chanson au profit de l'Afrique[réf. nécessaire]. Toute la fin de l'année 1985 est consacrée à la promotion du disque. 1 240 000 exemplaires de l'album sont vendus (et 1 580 000 singles)28, ce qui en fait la meilleure vente toutes catégories confondues du chanteur.

 Il participe à plusieurs manifestations parmi lesquelles, les premières Victoires de la musique, le 23 novembre, qu'il préside pendant une partie en remettant un prix à Jean-Michel Jarre et au groupe Téléphone. Le 7 décembre, il reçoit le prix de la chanson anti-raciste pour L'Aziza des mains de Harlem Désir au nom de SOS Racisme. Militant de la première heure au sein de cette association, il était inscrit comme militant de base au comité de Colombes, son lieu de résidence. Quelques jours plus tard, le 14 décembre, il participe au lancement officiel des Restaurants du cœur par son ami Coluche. Balavoine en est le premier parrain[réf. nécessaire].

 Par sa volonté d'être sur tous les fronts, le chanteur se voit extrêmement médiatisé durant cette période.

 Le 4 janvier 1986, il participe à sa dernière émission en tant que chanteur, Succès made in France, animée par Désirée Nosbusch, où il interprète pour la dernière fois la chanson l'Aziza. Lors de cette émission, il est interviewé par l'animatrice pour évoquer les grands moments de sa carrière, où il précise que le Palais des Sports était sa salle de concert fétiche et que sa prochaine tournée commencera par des concerts dans cette salle en septembre 1986.

 Janvier 1986 : Paris-Dakar, Paris du Cœur

Le représentant en France de Band Aid, Lionel Rotcage, l'encourage ainsi que Michel Berger, France Gall et Richard Berry à s'investir dans l'opération Action Écoles qui consiste à créer des comités d'élèves dans tous les établissements scolaires de France afin de lever des fonds et de financer des projets précis sur le continent africain.

 Parmi ces projets, Daniel Balavoine se voit confier la responsabilité de l'opération Pompes à eaux pour l'Afrique, qui l'amène à repartir sur le Paris-Dakar, non pas en tant que concurrent, mais comme ambassadeur des Paris du cœur (une action humanitaire visant à installer des pompes à eaux dans des villages africains, en profitant de la logistique du rallye). Il supervise, avec l'aide du créateur et directeur de la course Thierry Sabine, ce programme en prenant appui sur le rallye. Il est alors prévu que Balavoine, alors en repos à Biarritz pour les fêtes de fin d'année, parte dix jours en Afrique (du 6 au 16 janvier 1986) pour mener à bien l'opération. Le 6 janvier, il est à Tamanrasset en Algérie et part rejoindre le staff du rallye-raid.

Ainsi, le 8 janvier 1986, on le voit assister à l'installation d'une des pompes à eau solaires dans un village voisin d'Agadez au Niger. C'est sa dernière apparition télévisée, bien qu'il existe un court film amateur tourné quelques heures avant sa mort.

Il rejoint ensuite à Niamey (Niger) le rallye le 13 janvier 1986 pour la journée de repos.

 Mort accidentelle

Présent lors du Paris-Dakar 1986 en tant qu'ambassadeur de l'action humanitaire des Paris du Cœur (Action Écoles), Daniel Balavoine négocie pendant une bonne partie de la journée du 14 janvier avec le gouverneur de Gao, dont les autorités bloquent une partie du convoi acheminant les pompes à eaux. Le matin dans le petit avion qui l'emmenait de Niamey (Niger) à Gao (Mali), il donnait sa dernière interview filmée, volée au détour d'une conversation. Vêtu d'un sweat blanc et apparaissant très fatigué, il renouvelait sa confiance en son opération humanitaire au terme d'un échange bref.

 Avec Thierry Sabine présent à ses côtés, ils donnent en fin d'après-midi le coup d'envoi d'un match de football entre l'équipe de Gao et celle de Mopti organisé dans le cadre du Paris-Dakar. La cérémonie s'éternise et le jour décline. Cette journée est décrite par tous les protagonistes comme l'une des pires de l'épreuve, avec un fort vent de sable, fluctuant tout au long de la journée. Thierry Sabine doit rejoindre par hélicoptère le bivouac de Gourma-Rharous, arrivée de l'étape à 250 km du site. Daniel Balavoine n'est pas prévu à bord. Plusieurs journalistes présents pour la couverture du rallye et prévus à bord ont ce jour-là échappé à la mort. Patrick Poivre d'Arvor, Yann Arthus-Bertrand, Jean-Luc Roy ou encore Patrick Chêne se seraient trouvés embarqués si deux avions en provenance de Bamako ne s'étaient pas posés par hasard sur le tarmac de Gao. Tous choisirent de s'y disperser.

 Nathalie Odent et Jean-Paul Le Fur, journaliste au Journal du Dimanche et technicien radio RTL, les remplacent dans l'hélicoptère. Jean-Luc Roy, sur la proposition de Thierry Sabine, auprès duquel Balavoine réclamait de temps à autre un baptême de l'air en hélicoptère, cédera sa place au dernier moment au chanteur qui finira, après quelques hésitations, par monter à bord, pressé par le temps.

À 17 h 15, l'appareil décolle. Le pilote François-Xavier Bagnoud commence par suivre le fleuve Niger (un repère plat et simple) afin de limiter tout risque. Une heure plus tard, ils se posent une première fois à Gossi pour donner le coup d'envoi de la deuxième épreuve chronométrée et repartent au coucher du soleil bien que l'hélicoptère ne soit pas équipé pour voler de nuit. Vers 19 heures, François-Xavier Bagnoud, n'y voyant plus rien décide d'atterrir vingt-deux kilomètres avant l'arrivée. Les conditions sont exécrables, la nuit est tombée et le vent de sable remonte en puissance.

Thierry Sabine appelle par radio le bivouac et demande qu'on leur envoie un véhicule pour terminer le parcours. Il sort de l'hélicoptère et croise un concurrent immatriculé 198. D'un ton calme et rassurant, il réitère sa demande d'aide au pilote Pierre Lartigue et au copilote Bernard Giroux. Claude Brasseur, témoin de leur ultime arrêt, décrira pourtant Thierry Sabine très énervé à l'idée de rester immobile sous l'autorité de son pilote.

De manière inexplicable, ils redécolleront quelques instants plus tard en prenant en chasse le 4 × 4 de Charles Belvèze et de son coéquipier Jacquie Giraud, se guidant à partir des feux rouges arrière du véhicule. Les deux témoins décriront l'appareil comme volant en rase-motte à une dizaine de mètres au-dessus d'eux à très haute vitesse. Le terrain réputé vicieux, ce dernier accroche, après que le 4x4 a viré sur la gauche pour la contourner, le sommet d'une dune de 30 mètres incapable d'apprécier la déclivité progressive du terrain. Rapidement déstabilisé, l'hélicoptère bascule vers l'avant et se désintègre sur près de cent cinquante mètres. Il heurte dans sa chute un ou plusieurs acacias. Il est alors 19 h 20 ; l'accident se produit à seulement huit kilomètres et cinq minutes de vol du bivouac de Gourma-Rharous (approximativement 16° 49′ 52″ N, 1° 52′ 23″ O), en plein désert malien. Le pilote, François-Xavier Bagnoud et les quatre passagers, Nathaly Odent, Jean-Paul Le Fur, Daniel Balavoine et Thierry Sabine, meurent sur le coup.

Si l'accident en lui-même, même s'il est mal compris faute de témoins, reste a priori lié aux conditions météorologiques difficiles, la raison de leur dernier décollage semble irrationnelle et demeure à ce jour inexpliquée. Durant longtemps, la seule et unique réponse qui ait été avancée est la thèse d'une blessure, se fondant sur la découverte de gazes, à l'endroit de leur arrêt. Morsure de serpent, piqûre de scorpion ou tout autre traumatisme suffisamment grave pour s'envoler en urgence et ainsi arriver le plus vite possible à destination, et ce, malgré le danger.

Le corps de Daniel Balavoine est, dans les jours qui suivent, rapatrié en France pour y être inhumé. Son cercueil est exposé un temps au public au funérarium du mont Valérien à Nanterre.

Ses obsèques furent célébrées le 20 janvier 1986 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) , où il repose désormais, au cimetière de Ranquine. 

Postérité

Succès posthume

En à peine huit ans de succès (1978-1986), Balavoine laisse près d'une vingtaine de tubes. Nombre d'artistes ont interprété ultérieurement des chansons de son répertoire, tels que Florent Pagny, Liane Foly, Léna Ka, Jeanne Mas, Nicole Rieu, Pascal Obispo, Patrick Fiori, la troupe des Enfoirés, Marie Denise Pelletier ou Grégory Lemarchal.

Il est fréquemment diffusé sur les ondes (en 2003, ses titres étaient diffusés en moyenne une fois par heure) et souvent repris à la télévision. 

Il jouit encore aujourd'hui d'une grande popularité, en témoignent les ventes de ses principales compilations : L'Essentiel (paru en 1995) vendue à 720 000 exemplaires et Balavoine sans frontières (paru en 2005) atteignant les 150 000 copies. Ses actions humanitaires et prises de positions sont unanimement saluées. Boudé durant un temps par la nouvelle génération, il est désormais salué par des rappeurs comme Soprano et Youssoupha, et des chanteurs comme Mickaël Miro, Christine and the Queens.

Hommages

Quatre jours après sa mort, Jean-Jacques Goldman lui a rendu hommage en direct dans Champs-Élysées en lui dédiant sa chanson Confidentiel, dont les paroles reflètent son état d'âme vis-à-vis du disparu.

Alors qu'elle remporte le concours « Tremplin de la musique du Festival de Wallonie » en 1986, Lara Fabian décide de faire figurer sur la face A de son premier 45 tours la chanson écrite et composée en hommage à Daniel Balavoine par Marc Lerchs L'Aziza est en pleurs. Remarquée par Claude Rappé de RTL, elle sera sélectionnée par le producteur Hubert Terheggen pour représenter le Luxembourg à l'Eurovision 1988.

Michel Berger a écrit et composé pour France Gall la chanson Évidemment (sur l'album Babacar, en 1987), en hommage à Daniel Balavoine. Il lui a également fréquemment dédié sa chanson La Minute de silence lors de concerts. Michel Berger écrira sur son dernier disque Double jeu, la chanson La lettre en hommage à Daniel Balavoine et sa compagne, Corinne.

Lors de sa tournée 1986-1987, Jeanne Mas interprète Lucie dans son tour de chant. Elle choisira de reprendre systématiquement une chanson de Daniel Balavoine lors de ses tournées en France. 

En décembre 1987, Julie Pietri rend à son tour hommage au chanteur lors de ses concerts à l'Olympia, en interprétant La vie ne m'apprend rien.

Dans son album Rocktambule (1988), Catherine Lara inclut sa chanson I.E.O., écrite à partir de titres et paroles de chansons de Daniel Balavoine.

De même, Francis Cabrel enregistre sur son album Sarbacane (1989) la chanson Dormir debout dans laquelle il rend hommage à « l'homme qui courait après Lucie » et « l'homme qui pouvait sauver l'amour ».

En 1990, Johnny Hallyday inscrit pour la première fois à son répertoire Je ne suis pas un héros, qu'il dédie lors de son tour de chant à Daniel Balavoine. Sortie en single, cette version live devient un tube et cela malgré la censure qui l'interdit de radio et de télévision durant la Guerre du Golfe. (voir album live Dans la chaleur de Bercy). 

En 1997, les Enfoirés reprendront Sauver l'amour, puis en 2004 Tous les cris les SOS comme hymnes officiels.

En 1999, Liane Foly inclut une reprise de La vie ne m'apprend rien sur son album Acoustique.

En 2000, une sélection d'artistes composée de David Hallyday, Florent Pagny, Francis Cabrel, Hélène Ségara, Jean-Louis Aubert, Khaled, Liane Foly, Marc Lavoine, Roch Voisine et Stephan Eicher reprennent ses chansons sur l'album Balavoine hommages….

En 2004, la troupe des Enfoirés fait de Tous les cris les SOS son hymne de l'année.

Le 17 avril 2004, l'astéroïde (214081) Balavoine a été nommé en sa mémoire.

En 2005, dans l'attente du vingtième anniversaire de sa mort, la Star Academy reprend Je ne suis pas un héros et lui rend hommage sur un album de reprises Star Academy chante Daniel Balavoine.

En 2010, le rappeur Soprano lui rend aussi hommage dans sa chanson Hiro en affirmant vouloir remonter le temps pour « boycotter » son décollage.

Marc Lavoine a pour sa part interprété Sauver l'amour en duo avec Joana Balavoine (née le 1er juin 1986), fille de l'artiste disparu, lors de l'émission Daniel Balavoine, Évidemment diffusée en juin 2011.

En 2015, le rappeur Youssoupha revisite le court titre Pour faire un disque sorti en 1982.

En 2016, à l'occasion des trente ans de la mort du chanteur ce sont Bessa, Cats on Trees, Christophe, Damien Loretta, Emmanuel Moire, Florent Pagny, Jenifer, Josef Salvat, Marina Kaye, Nolwenn Leroy, Ours, Raphael, Shy'm, Zaho, Zaz et Christine and the Queens qui lui rendent hommage sur l'album Balavoine(s). Bien qu'ayant obtenu un succès commercial, cet album hommage est très critiqué.

En 2017, Matthieu Chedid (-M-) rend hommage au chanteur en interprétant lors de sa tournée Lamomali, album aux accents profondément inspirés du Mali le titre Sauver l'amour accompagné de l'artiste malienne Fatoumata Diawara. Cette reprise chantée en chœur par le public du festival Francofolies sera présente sur l'album live Lamomali Airlines sorti en novembre 2017.

En 2020, Benjamin Biolay reprend Tous les cris les SOS sur la réédition de son album Grand Prix.

Daniel Balavoine reste en effet une grande source d'inspiration pour les musiques actuelles, son répertoire et son style influencent notamment toujours la musique urbaine. Le 4 juin 2020, le rappeur Gips reprend le titre de sa musique phare L'Aziza pour lui rendre hommage, puis déclare le 13 janvier 2021 dans Briiips Vol. 2 : « J'suis pas comme Balavoine j'ai le flow mais j'ai pas la voix. »

Vie privée

En 1972 il se marie avec Dominique Shroo, jeune polonaise rencontrée au Gibus. Une femme qu'il épouse à 20 ans, contre la volonté de sa mère. Ils se séparent en 1974 et divorcent en 1979. Il évoque leur relation dans la chanson Couleurs d'automne (1974).

 De 1974 à 1977 il partage la vie de Catherine Ferry, révélée à l'Eurovision en 1976, et tombée amoureuse du chanteur lors d'un concert de son groupe Présence. Il lui dédie la chanson l'Enfant aux yeux d'Italie (1975), en référence à ses origines siciliennes. Catherine Ferry quitte le chanteur, réputé jaloux et volage. Chanteuse elle-même, il devient son producteur, compositeur et arrangeur jusqu'à sa mort. Sur le rallye Dakar en 1986, il était en train de lui adapter en français la chanson The Face (1984), qu'il avait composée pour Frida (ex-ABBA) deux ans auparavant.

En 1977 il rencontre Linda Lecomte, jeune montoise programmatrice musicale à la RTBF, lors de la promotion de son album Les Aventures de Simon et Gunther… Linda lui inspire les titres Love Linda et Rougeagèvre (1979). Daniel Balavoine partage alors sa vie entre Mons et la banlieue parisienne. Elle participera aussi à l'écriture de quelques chansons pour Catherine Ferry dont Bonjour Bonjour (1982) et Vivre avec la Musique (1984). Le chanteur met brutalement fin à cette relation en 1982.

C'est au cours d'une manifestation en 1981 qu'il rencontre sa dernière compagne et mère de ses deux enfants, Corinne Barcessat (dite Coco Balavoine), alors attachée de presse. Balavoine navigue alors entre Biarritz et sa maison rue Félix à Colombes. De cette relation, officialisée lors de l'enregistrement de Vendeurs de larmes (1982), naîtront deux enfants, Jérémie (1984), à qui il dédie la chanson Dieu que c'est beau, et Joana (1986), née cinq mois après la mort du chanteur. Daniel Balavoine écrira L'Aziza (1985) en hommage à Coco, juive pied-noir, née à Casablanca. Elle est aujourd'hui mariée au réalisateur de télévision Serge Khalfon. Son fils Jérémie Balavoine est devenu musicien. Sa fille Joana est chanteuse du groupe de musique Gentle Republic. Pour la première fois, Joana Balavoine parle de son père dans un documentaire-événement qui lui est consacré J’me présente, je m’appelle Daniel en 2016, et fait part de son combat contre la drogue, en 2021, dans une bande dessinée, Les Lions endormis, publiée aux édition Grand Angle.